Avecl’amour, l’argent. Attention, pas avec les cƓurs : Claude Solarz est un tendre. Il fonctionne Ă  l’affect. Il s’emballe en quelques instants pour les gens et leurs projets, et cela lui suffit pour s’engager complĂštement. Quitte Ă  se tromper parfois. Voire Ă  ĂȘtre trompĂ©. « Le tout, c’est de ne pas se tromper trop souvent. Être cocu, c’est stimulant ! » lance-t-il, en Lessouvenirs d'une grande premiĂšre dame. Claude Pompidou a marquĂ© et sĂ©duit les Français par un mĂ©lange de modernitĂ© assumĂ©e et d'immense dignitĂ©. Femme discrĂšte, elle n'a rompu le silence sur sa vie publique et privĂ©e qu'Ă  l'occasion de ses mĂ©moires, enrichis pour cette Ă©dition d'un avant-propos inĂ©dit d'Alain Pompidou. Elle s'y confie bien sĂ»r au sujet de son mari, Leurdivorce date de lĂ . Pompidou a sauvĂ© le rĂ©gime par son sang-froid, en 1968, alors que de Gaulle flanchait. Les lĂ©gislatives de juin Vay Tiền Nhanh. NĂ© le 5 juillet 1911 Ă  Montboudif Cantal dans un mĂ©nage d'instituteurs venus de la paysannerie, Georges Pompidou est Ă  ce jour le seul prĂ©sident de la Ve RĂ©publique d'origine populaire. Son ascension doit tout Ă  l'Ă©cole rĂ©publicaine. ÉlĂšve de l'École normale supĂ©rieure promotion 1931, il devient professeur de lettres dans un lycĂ©e de Marseille. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il ne prend pas parti comme d'autres qui se rendent Ă  Londres ou bien Ă  Vichy. FidĂšle parmi les fidĂšles À la LibĂ©ration, sur une recommandation de son camarade normalien RenĂ© Brouillet, Georges Pompidou entre au cabinet de Charles de Gaulle comme chargĂ© de mission pour les questions d’éducation. Il va devenir son principal collaborateur pendant sa traversĂ©e du dĂ©sert », avec un intermĂšde Ă  la banque Rothschild. En 1958, pendant les sept mois passĂ©s par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle Ă  la prĂ©sidence du Conseil, Ă  l'hĂŽtel Matignon, il devient son directeur du cabinet et engage le vaste train de rĂ©formes qui va remettre le pays sur les rails. Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle fait enfin appel Ă  lui en 1962 pour succĂ©der Ă  Michel DebrĂ© comme Premier ministre. Georges Pompidou conservera cette fonction pendant six ans, rĂ©alisant un record dans l'histoire de la France post-rĂ©volutionnaire. Il affronte avec calme et maĂźtrise de soi les Ă©vĂ©nements de Mai 68. Il amĂšne la droite gaulliste au triomphe lors des Ă©lections lĂ©gislatives des 23 et 30 juin 1968. Le prĂ©sident, quelque peu irritĂ© par son succĂšs, lui donne congĂ© le 10 juillet 1968 et le remplace au poste de Premier ministre par le discret Maurice Couve de Murville. Mais de Gaulle lui-mĂȘme, dĂ©savouĂ© par les Français lors du rĂ©fĂ©rendum de 1969 sur la rĂ©gionalisation, dĂ©missionne dĂšs le lendemain des rĂ©sultats. Vive l'industrie ! Favori face Ă  une gauche Ă©clatĂ©e, Georges Pompidou se fait Ă©lire sans trop de mal Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique le 15 juin 1969, face Ă  Alain Poher, prĂ©sident du SĂ©nat et prĂ©sident par intĂ©rim. Il nomme sans tarder au poste de Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, gaulliste brillant et dynamique. Le prĂ©sident se fait le chantre du dĂ©veloppement industriel de la France avec de premiers investissements dans le programme ferroviaire Ă  grande vitesse TGV, la modernisation du tĂ©lĂ©phone, la construction d'autoroutes, y compris en centre-ville voie sur berges Ă  Paris. Son passage Ă  l'ÉlysĂ©e laisse le souvenir d'une embellie Ă©conomique et sociale sans prĂ©cĂ©dent. On rĂȘve en France d'Ă©galer la puissance industrielle allemande et le prĂ©sident Pompidou offre Ă  ses concitoyens la perspective d'une sociĂ©tĂ© aussi Ă©galitaire et prospĂšre que la SuĂšde de l'Ă©poque, avec le soleil en plus ». Esprit fin et cultivĂ©, Georges Pompidou est l'auteur d'une Anthologie de la poĂ©sie française qui fait toujours rĂ©fĂ©rence. Il conduit aussi le projet rĂ©volutionnaire d'un lieu multiculturel au coeur de Paris, sur le plateau Beaubourg. Il sera inaugurĂ© aprĂšs sa mort sous le nom de Centre Pompidou. Le Premier ministre est remplacĂ© le 5 juillet 1972 par un homme autrement plus conventionnel, Pierre Messmer. Le gouvernement amorce alors un virage conservateur illustrĂ© par les foucades du nouveau ministre des Affaires culturelles, l'acadĂ©micien Maurice Druon. Plus que la mort prĂ©maturĂ©e du prĂ©sident, c'est la guerre du Kippour entre IsraĂ«l et les pays arabes, suivie d'un premier choc pĂ©trolier », qui va briser en octobre 1973 l'Ă©lan de modernisation de la France... PubliĂ© ou mis Ă  jour le 2021-07-07 153326 A Georges et Claude POMPIDOU 
Sicut et nos dimittimus debitoribus nostris » I. Seigneur JĂ©sus, Ă  la fin de ce livre que je T’offre comme un ciboire de souffrances Au commencement de la Grande AnnĂ©e, au soleil de Ta paix sur les toits neigeux de Paris - Mais je sais bien que le sang de mes frĂšres rougira de nouveau l’Orient jaune, sur les bords de l’OcĂ©an Pacifique que violent tempĂȘtes et haines Je sais bien que ce sang est la libation printaniĂšre dont les Grands Publicains depuis septante annĂ©es engraissent les terres d’Empire Seigneur, au pied de cette croix – et ce n’est plus Toi l’arbre de douleur, mais au-dessus de l’Ancien et du Nouveau Monde l’Afrique crucifiĂ©e Et son bras droit s’étend sur mon pays, et son cĂŽtĂ© gauche ombre l’AmĂ©rique Et son cƓur est HaĂŻti cher, HaĂŻti qui osa proclamer l’Homme en face du Tyran Au pied de mon Afrique crucifiĂ©e depuis quatre cents ans et pourtant respirante Laisse-moi Te dire Seigneur, sa priĂšre de paix et de pardon. II. Seigneur Dieu, pardonne Ă  l’Europe blanche ! Et il est vrai, Seigneur, que pendant quatre siĂšcles de lumiĂšres elle a jetĂ© la bave et les abois de ses molosses sur mes terres Et les chrĂ©tiens, abjurant Ta lumiĂšre et la mansuĂ©tude de Ton cƓur On Ă©clairĂ© leurs bivouacs avec mes parchemins, torturĂ© mes talbĂ©s, dĂ©portĂ© mes docteurs et mes maĂźtres-de-science. Leur poudre a croulĂ© dans l’éclair la fiertĂ© des tatas et des collines Et leurs boulets ont traversĂ© les reins d’empires vastes comme le jour clair, de la Corne de l’Occident jusqu’à l’Horizon oriental Et comme des terrains de chasse, ils ont incendiĂ© les bois intangibles, tirant AncĂȘtres et gĂ©nies par leur barbe paisible. Et ils ont fait de leur mystĂšre la distraction dominicale de bourgeois somnambules. Seigneur, pardonne Ă  ceux qui ont fait des Askia des maquisards, de mes princes des adjudants De mes domestiques des boys et de mes paysans des salariĂ©s, de mon peuple un peuple de prolĂ©taires. Car il faut bien que Tu pardonnes Ă  ceux qui ont donnĂ© la chasse Ă  mes enfants comme Ă  des Ă©lĂ©phants sauvages. Et ils les ont dressĂ©s Ă  coups de chicotte, et ils ont fait d’eux les mains noires de ceux dont les mains Ă©taient blanches. Car il faut bien que Tu oublies ceux qui ont exportĂ© dix millions de mes fils dans les maladreries de leurs navires Qui en ont supprimĂ© deux cents millions. Et ils m’ont fait une vieillesse solitaire parmi la forĂȘt de mes nuits et la savane de mes jours. Seigneur la glace de mes yeux s’embue Et voilĂ  que le serpent de la haine lĂšve la tĂȘte dans mon cƓur, ce serpent que j’avais cru mort
 III. Tue-le Seigneur, car il me faut poursuivre mon chemin, et je veux prier singuliĂšrement pour la France. Seigneur, parmi les nations blanches, place la France Ă  la droite du PĂšre. Oh ! je sais bien qu’elle aussi est l’Europe, qu’elle m’a ravi mes enfants comme un brigand du Nord des boeufs, pour engraisser ses terre Ă  cannes et coton, car la sueur nĂšgre est fumier. Qu’elle aussi a portĂ© la mort et le canon dans mes villages bleus, qu’elle a dressĂ© les miens les uns contre les autres comme des chiens se disputant un os Qu’elle a traitĂ© les rĂ©sistants de bandits, et crachĂ© sur les tĂȘtes-aux-vastes-desseins. Oui, Seigneur, pardonne Ă  la France qui dit bien la voie droite et chemine par les sentiers obliques Qui m’invite Ă  sa table et me dit d’apporter mon pain, qui me donne de la main droite et de la main gauche enlĂšve la moitiĂ©. Oui Seigneur, pardonne Ă  la France qui hait les occupants et m’impose l’occupation si gravement Qui ouvre des voies triomphales aux hĂ©ros et traite ses SĂ©nĂ©galais en mercenaires, faisant d’eux les dogues noirs de l’Empire Qui est la RĂ©publique et livre les pays aux Grands-Concessionnaires Et de ma MĂ©sopotamie, de mon Congo, ils ont fait un grand cimetiĂšre sous le soleil blanc. IV. Ah ! Seigneur, Ă©loigne de ma mĂ©moire la France qui n’est pas la France, ce masque de petitesse et de haine sur le visage de la France Ce masque de petitesse et de haine pour qui je n’ai que haine – mais je peux bien haĂŻr le Mal Car j’ai une grande faiblesse pour la France. BĂ©nis de peuple garrottĂ© qui par deux fois sut libĂ©rer ses mains et osa proclamer l’avĂšnement des pauvres Ă  la royautĂ© Qui fit des esclaves du jour des hommes libres Ă©gaux fraternels BĂ©nis ce peuple qui m’a apportĂ© Ta Bonne Nouvelle, Seigneur, et ouvert mes paupiĂšres lourdes Ă  la lumiĂšre de la foi. Il a ouvert mon cƓur Ă  la connaissance du monde, me montrant l’arc-en-ciel des visages neufs de mes frĂšres. Je vous salue mes frĂšres toi Mohamed Ben Abdallah, toi Razafymahatratra, et puis toi lĂ -bas Pham-Manh-Tuong, vous des mers pacifiques et vous des forĂȘts enchantĂ©es Je vous salue tous d’une cƓur catholique. Ah ! je sais bien que plus d’un de Tes messagers a traquĂ© mes prĂȘtres comme gibier et fait un grand carnage d’images pieuses. Et pourtant on aurait pu s’arranger, car elles furent, ces images, de la terre Ă  Ton ciel l’échelle de Jacob La lampe au beurre clair qui permet d’attendre l’aube, les Ă©toiles qui prĂ©figurent le soleil. Je sais que nombre de Tes missionnaires ont bĂ©ni les armes de la violence et pactisĂ© avec l’or des banquiers Mais il faut qu’il y ait des traĂźtres et des imbĂ©ciles. V. O bĂ©nis ce peuple, Seigneur, qui cherche son propre visage sous le masque et a peine Ă  le reconnaĂźtre Qui Te cherche parmi le froid, parmi la faim qui lui rongent os et entrailles Et la fiancĂ©e pleure sa viduitĂ©, et le jeune homme voit sa jeunesse cambriolĂ©e Et la femme lamente oh ! l’Ɠil absent de son mari, et la mĂšre cherche le rĂȘve de son enfant dans les gravats. O bĂ©nis ce peuple qui rompt ses liens, bĂ©nis ce peuple aux abois qui fait front Ă  la meute boulimique des puissants et des tortionnaires. Et avec lui tous les peuples d’Europe, tous les peuples d’Asie tous les peuples d’Afrique et tous les peuples d’AmĂ©rique Qui suent sang et souffrances. Et au milieu de ces millions de vagues, vois les tĂȘtes houleuses de mon peuple. Et donne Ă  leurs mains chaudes qu’elles enlacent la terre d’une ceinture de mains fraternelles. DESSOUS L’ARC-EN-CIEL DE TA PAIX. Paris, janvier 1945 LĂ©opold SĂ©dar Senghor Paix L'ancien premier ministre reproche au chef de l'Etat de ne pas l'avoir soutenu Un an Ă  peine sĂ©pare le renvoi de Georges Pompidou de Matignon de son installation Ă  l'ElysĂ©e. Une courte traversĂ©e du dĂ©sert mais semĂ©e d'Ă©preuves, de l'affaire Markovitch Ă  sa rupture avec de Gaulle. Pompidou reproche au chef de l'Etat de compatir seulement pour la forme aux ragots qui courent sur son Ă©pouse et celui-ci s'irrite des prĂ©tentions prĂ©sidentielles de son ex-second. Leur divorce date de lĂ . Pompidou a sauvĂ© le rĂ©gime par son sang-froid, en 1968, alors que de Gaulle flanchait. Les lĂ©gislatives de juin sont une victoire personnelle pour le premier ministre, en poste depuis six ans. Le gĂ©nĂ©ral le sait et son orgueil en souffre. Le succĂšs assurĂ©, il a feint de vouloir reconduire Pompidou dans ses fonctions. Mais il lui a finalement prĂ©fĂ©rĂ© le fade Maurice Couve de Murville, un choix qui a laissĂ© Ă  son prĂ©dĂ©cesseur "un goĂ»t de cendre". Lorsqu'il a appris la rumeur, le dĂ©putĂ© du Cantal a voulu en avoir le coeur net et a demandĂ© Ă  rencontrer secrĂštement le prĂ©sident de la RĂ©publique. Il est entrĂ© par le parc et, en tĂȘte-Ă -tĂȘte, s'est plaint que personne ne l'ait alertĂ© plus tĂŽt. De Gaulle rĂ©agit "faiblement". Yvonne de Gaulle, elle aussi, pense que son mari devrait se manifester davantage. Elle le lui a dit les yeux dans les yeux Ă  Colombey-les-Deux-Eglises. Mais il lui a rĂ©pondu qu'un geste de sa part donnerait trop d'importance Ă  l'affaire. Avant de livrer en apartĂ©, Ă  leur fils Philippe, le fond de sa pensĂ©e "A trop vouloir dĂźner en ville dans le Tout-Paris comme aiment le faire les Pompidou et Ă  y frĂ©quenter trop de monde et de demi-monde, il ne faut pas s'Ă©tonner d'y rencontrer tout et n'importe qui." EcorchĂ© vif, Georges Pompidou prend le parti de voyager. Pas en Yougoslavie, oĂč il avait l'intention de se rendre - Markovitch est de nationalitĂ© yougoslave. A Rome, il dĂ©clare en janvier 1969 qu'il sera candidat Ă  la prĂ©sidentielle "lorsqu'il y en aura une", dĂ©clenchant un brouhaha qu'il n'avait pas prĂ©vu. De Gaulle s'offusque de ce crime de lĂšse-majestĂ©. Il fait publier un sec communiquĂ© d'oĂč il ressort qu'il a "le devoir et l'intention" de remplir son mandat jusqu'au bout. Pour le coup, c'est Pompidou qui se braque. A GenĂšve, oĂč il sĂ©journe, il claironne qu'il aura "peut-ĂȘtre, si Dieu le veut, un destin national". On en est lĂ  lorsque Me Jacques Isorni demande l'audition de Claude et Georges Pompidou par le juge chargĂ© de l'affaire Markovitch. L'homme Ă©tait blessĂ©. Il rugit. Par un message dont chaque mot a Ă©tĂ© pesĂ© il fait savoir que "l'ancien premier ministre du gĂ©nĂ©ral de Gaulle" se sent bafouĂ©. Le soir mĂȘme, la prĂ©sidence annonce que le chef de l'Etat et son Ă©pouse recevront les Pompidou Ă  dĂźner le 12 mars. Au vu et su de tous. Enfin ! Le repas, auquel assistent aussi Michel DebrĂ© et sa femme, est lugubre. Craignant un Ă©clat de son Ă©pouse, Pompidou ne lĂąche pas son coude de la soirĂ©e. On se sĂ©para tĂŽt, sans s'ĂȘtre rĂ©conciliĂ©. Les deux hommes ne devaient jamais plus se revoir. Bertrand Le Gendre Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? 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claude et georges pompidou l amour au coeur du pouvoir